Tuesday, April 28, 2009

Les séries policières

Les meilleures séries du moment, pour moi, aucun doute, sont In treatment et Breaking bad. Ces séries-là, le premier épisode vu, j'ai regardé, et adoré la suite. Maintenant que j'ai rattrapé tout mon retard sur des saison déjà entamées, j'attends avec impatience l'épisode suivant. Pour compenser ce manque de semaine en semaine, j'essaie aussi de démarrer quelques autres séries. Ces derniers temps, on m'a plutôt conseillé des séries policières. Moi, les séries policières, ça me fait automatiquement penser à NCIS-chose, Portés disparus machin, Les experts bidule etc. Des séries américaines qui me font penser à ce qu'on peut réaliser en France; je n'en ai jamais regardé un épisode de bout en bout, mais de ce que j'ai vu dans les bandes-annonces, j'imagine une image verdâtre, propice à une mise en scène un peu glauque, des cuts un peu rapides, une musique soutenue, un scénario mal ficelé dont on devine la fin et des histoires dont l'ordre chronologique n'a pas d'importance tant les scénarios sont indépendants les uns des autres.


Je suis néanmoins prête à être surprise et à découvrir de merveilleuses séries du genre. Alors j'ai commencé par voir Damages, une série qui nous présente Ellen, errant ensanglantée dans les rues de New-York, puis interrogée par la police sur son état et sur le cadavre retrouvé dans son appartement. Les images sont brouillonnes, sombres, et filmées avec un grain énorme. Toutes ces images sont en fait des flash-backs. On retrouve Ellen propre sur elle et bien coiffée, six mois plus tôt, amoureuse de son fiancé, et venant de se faire embaucher par Patty Hewes dans un grand cabinet d'avocats. L'histoire est compliquée, et n'avance pas au fil des épisodes. On revoit en boucle ces images laides qui montrent Ellen découvrant le cadavre dans sa salle de bain, comme une ritournelle désirant nous tenir en haleine et qui ne réussit qu'à agacer car elles ne nous apprenent jamais rien de nouveau. Bref, un rythme d'une lenteur exaspérante, et un suspense mal maîtrisé, qui m'a fait arrêter avant la fin de la première saison.


The wire m'a été vendue comme une série totalement addictive. Cette fois-ci, je n'ai même pas pu regarder le premier épisode jusqu'au bout. Pour la réalisation, c'est l'image réaliste (traduction: lumière naturelle, donc, moche) qui prime; au niveau du montage, la rapidité, les cuts nets; les dialogues sont remplis de "fuck", "shit" et "dick", et tout ce que les américains ont dans leur vocabulaire de grossièretés (pas très varié); quant à l'histoire, entre tous ces défauts, je n'ai pas réussi à la saisir, entre magouilles d'avocats, discussions de dealers et enquêtes de flics.


Alors, les séries policières, très peu pour moi? J'essaie encore Southland, une plongée au coeur de la police de Los Angeles, une série qui a débuté en avril de cette année, j'en frémis d'avance. Encore une fois, les clichés s'accumulent. La caméra ne se pose nulle part, ne cesse de trembler, de zoomer, de bouger. Les différentes enquêtes se mêlent, trente secondes sur un couple de "partenaires", une minute chez un autre, certains patrouillent, d'autres se rendent sur des lieux de crimes, dans un chaos amplifié par la bande-son. Cette dernière est trop dense, et l'on distingue chaque crissement de cuir, chaque claquement de talon, chaque murmure sous la cacophonie d'une ambiance saturée au bruit des moteurs qui tournent sans cesse, voitures, ordinateurs, néons. Comme d'habitude, le langage est familier, les blagues sexistes, et les vulgarités pleuvent, pudiquement dissimulées sous des "biiips" stressants. Les enquêtes nous apprennent, grande nouveauté, que les blancs détestent les noirs et inversement, et que chaque gang défend sa couleur de peau. La densité de toutes les choses que j'apprécie est immense, et pourtant, j'ai regardé l'épisode jusqu'au bout, et je verrai sans doute même le deuxième. En effet, la musique s'installe à la fin de l'épisode, ralentit, montrant la fin de la journée de travail de chaque flic. Enfin des séquences en deux ou trois plans seulement et plus de vingt secondes. C'est une fin digne d'un premier épisode, qui souhaite tout résumer et exposer chacun sans privilégier un autre, mais je laisse sa chance à cette série pour nous ménager des pauses salutaires dans un rythme effréné.




Damages saison 2/6 terminée
The wire
série complète, 5 saisons
Southland
saison 1 actuellement sur NBC

4 comments:

DjcdreamS said...

Damages!
c'est certainement la série qui décrit le mieux les bidouilles des sociétés avec le gouvernement pour toujours faire plus de profit.
L'histoire se tient les acteurs jouent plutôt de manière juste et pas d'artifice.
Alors côté technique ca peut déplaire mais franchement pour moi , c'est une des meilleures séries avec Breaking Bad.
Cyril

Anonymous said...

Chère consoeur bloggeuse ;-)

Tes avis sont toujours intéressants à lire et, en plus d'être bien écrits, ont le mérite d'offrir un vrai regard sur l'objet de ton analyse.

Mais (ben oui forcément y avait un "mais") la lecture de ton post sur les séries policières me pousse à réagir avec la vélocité du pumas des steppes kazakhes.

Je ne partage absolument pas ton point de vue (c'est peu de le dire) sur The Wire, Damages et même Southland, malgré les nombreuses réserves que m'inspire cette dernière pour le moment.

Le pilote de Damages m'a tout simplement bluffé par sa structure narrative morcelée nous questionnant sans cesse sur la réalité de ce qu'on a vu et les intentions des personnages. Mais bluffé aussi par la sophistication de sa réalisation, la noirceur des personnages et, une évidence, le numéro d'actrice cinq étoiles de Glenn Close. Certes, l'intrigue traverse un petit ventre mou en milieu de parcours, mais quel final ! Et quelle cohérence du scénario, qui répond à toutes les questions ! Je m'arrête là mais j'aurais encore beaucoup à dire sur ce petit chef d'oeuvre, qui n'a hélas pas renouvelé l'exploit en saison 2. Je trouve étrange par ailleurs que tu compares Damages à The Wire et Southland, parce qu'il s'agit là bien plus d'un thriller juridique et d'une parabole sur les ravages du pouvoir que d'une série policière au sens strict.

The Wire : passe encore que tu juges l'intrigue trop complexe. C'est entièrement vrai : on est pas dans 90210 et la description réaliste du fonctionnement peu reluisant des relations police/élus locaux appelle des dialogues effectivement un peu raides. J'ai moi même dû m'y prendre à deux reprises pour accrocher totalement à la saison 1 et la suivre jusqu'au final. The Wire est une série qui exige en effet une attention de tous les instants pour bien mémoriser qui fait quoi et qui est qui et je conçois tout à fait que cette aridité soit rebutante. En revanche, reprocher à The Wire ses grossièretés (je te cite : "Les dialogues sont remplis de "fuck", "shit" et "dick", et tout ce que les américains ont dans leur vocabulaire de grossièretés (pas très varié)"), c'est un peu court ! Qui dit série réaliste dit forcément réalisme des dialogues et je ne pense pas que, dans la rue, dealers et flics parlent comme dans Madame Bovary. Il n'y a bien que sur HBO (et sa concurrente Showtime) que l'on peut entendre un vocabulaire aussi libéré et ça change des phrases passées au karcher anti jurons des séries de networks, bien plus édulcorées sur ce plan.

Southland : bon. Sur la base des trois premiers épisodes, on y décèle tout de suite la patte des créatifs d'Urgences et surtout de New York 911. Contrairement à toi, la mise en image m'a séduit, quelque part entre un esthétisme urbain à la Michael Mann (d'ailleurs la créatrice Ann Biderman est co-scénariste de Public enemies, le prochain film du maestro) et le côté brut combiné de The Shield et du reality show "cops". La série est filmée avec la fameuse caméra numérique Red One et sans être technicien, je trouve que ca lui donne un look somptueux. Son défaut : ne pas assez puissamment imposer ses personnages principaux et offrir des intrigues pour l'instant peu passionnantes, c'est vrai. Les "bleeps" pour couvrir les grossièretés ne me dérangent pas pour l'instant. A la limite je leur trouve une fonction intéressante en tant que symptomes de la contradiction d'un network tout public (NBC) offrant une série policière visant le réalisme sans pouvoir aller trop loin. Tiendront-ils la distance ? No sé...

Et là encore tu reproches des choses à cette série qui me paraissent, comment dire, inévitables... la bande son en prise directe sur la rue, les tensions raciales, le sexisme, les gangs... On est dans une série policière qui ambitionne, apparemment, de coller au plus près du quotidien de la vie de flic dans une mégapole comme Los Angeles, pas dans un épisode de Charmed ! Tous ces éléments sont un cahier des charges peu contournable. Maintenant, je te l'accorde, difficile de sentir la nouveauté en voyant Southland. Quand je compare les pilotes de Southland et The Shield, par exemple, y a pas photo : celui de Southland m'intrigue et provoque un enthousiasme mesuré, là où celui de The Shield m'avait collé une inoubliable claque. Mais Southland a au moins un mérite : elle n'est ni un remake débile, ni une adaptation de format étranger sans saveur, ni une sitcom conne. Ses héros sont cassés, fragiles, son univers sombre et sa forme travaillée. Dans le marasme créatif actuel des séries US, c'est déjà pas mal ! Attendons de voir si la suite confirme ou déçoit...

En conclusion : moi y en a pas du tout d'accord avec ton regard sur les séries policières (et encore je t'ai même pas tacklée sur ton jugement bien hâtif quant à CSI Las Vegas). Mais vive le débat !

John Plissken www.jpmars.com

Fanny said...

Cher John Plissken

Merci pour votre belle diatribe qui lance un beau débat. Je n'en attendais pas moins de vous. Je te réponds donc à toi et à Cyril, qui a été aussi assez en contradiction avec mon avis pour laisser un commentaire (merci!).

Bon, en premier lieu, je suis quand même assez d'accord avec vous sur l'ensemble, je crois simplement que nous ne tirons pas la même conclusion. Tout simplement, je ne suis pas émue par ces pauvres flics injurieux qui ont des vies difficiles derrière leur vocabulaire, pas touchée par l'injustice d'un système gouvernemental, et pas ébranlée non plus par la description d'une société franchement dégueulasse et inégale (je veux dire si, ça me consterne, mais au journal télévisé, pas dans une série).

Voilà, simple question de sensibilité en fait. J'aime In treatment qui explore les esprits, j'aime Breaking bad dont les personnages me touchent et j'apprécie le génie de cette dernière série qui met hors-la-loi un respectable professeur.

Dans Damages, si Glenn Close est absolument merveilleuse en manipulatrice expérimentée et à l'esprit retors - j'avais d'ailleurs noté la précision extrême de son jeu, qui inclut subtilement des mimiques et des tics bien servant à définir et à reconnaître parfaitement son personnage -, je n'ai vraiment pas accroché avec cette narration en flash-back. Il me semble que ces éléments sont mal maîtrisés et servent un peu de bouche-trou pour faire avancer l'histoire pas trop vite, histoire de boucler la saison sans fatiguer les scénaristes. Et même si le final de la 1ère saison, que je n'ai pas vu, est magnifique, il ne saurait à lui seul justifier la saison entière, médiocre.

Pour le langage peu châtié de The wire, il faut bien avouer qu'ayant rapidement délaissé du regard les images pas bien jolies-jolies, j'ai juste laissé mon oreille traîner dans le coin et c'est vraiment ce qui m'a le plus marqué. L'accent de réalité des séries ou des films, c'est un peu ce qui m'embête. La réalité, les gens grossiers, j'en croise partout. Des images sombres, des ciels pluvieux, j'en vois de ma fenêtre. Un peu de nouveauté que diable! un peu d'exotisme! J'exagère, bien entendu, mais vous verrez dans une de mes prochaines critiques de film (waaaa, vous avez envie de savoir ce que c'est, hein?) que j'apprécie tout particulièrement les non-dits, les cadres fixes qui soulignent un détail, qui demandent un effort de la part du spectateur, qui lui permettent de participer en cherchant la bagatelle pleine de sens. Je suis fatiguée de ces dialogues à l'occidentale - plus que tout dans les films français - qui expliquent, décrivent, dépècent la moindre action, alors qu'on est face à des images nom de dieu, et pas à un bouquin plein de mots.

Enfin, Southland... Ayé, j'ai regardé les 3 premiers épisodes, et je n'irai pas plus loin. Encore une fois le direct, la plongée dans l'action, ça me fatigue. Je veux du rythme, dynamique, et aussi des pauses, histoire qu'on soit encore plus emporté par le peps des moments vifs. La Red One numérique... quel malheur d'avoir inventé le numérique! Tous ces détails moches qu'on peut maintenant voir! Ca me fait un peu penser à moi, qui m'accroche parfois à ma myopie. J'aime bien enlever mes yeux - mes lunettes ou lentilles bien sûr, je ne sors pas mes globes oculaires de mes orbites - pour me reposer et ne pas trop me voir dans le miroir. Bref, quant au "reality show cops", comme tout autre "reality show" avec caméra instable voire à l'épaule, c'est niet pour moi. Mon point de vue est le suivant: la caméra doit se faire oublier. Si on voit la caméra, c'est que caméra il y a, et qu'une mise en scène dirige tout. Où est la réalité dans tout cela? C'est un peu contradictoire je sais, mais c'est mon dogme bien perso. Je préfère une mise en scène bien léchée qui fait oublier qu'on filme. Quand ça bouge, quand on a des reflets du soleil sur l'écran, c'est qu'il y a une caméra entre le spectateur et l'action. Et quand on sent donc cette caméra, c'est qu'il y a du "show", plus que de la réalité.

Voilà voilà, toutes ces séries sont peut-être immanquables pour les adeptes du genre, mais j'ai bien peur de ne jamais faire partie de ces derniers.

Anonymous said...

Chère Lestat : ta dernière phrase résume bien le débat. C'est une question de sensibilité, finalement !

On poursuivra éventuellement le débat à l'occasion sur le coté réaliste/pas réaliste d'une caméra aux mouvements ostentatoires, parce que là encore je suis en radical désaccord !

Scuds you later ;-)

JP