Monday, January 9, 2012

Carnet de voyage - Montréal, décembre 2011

On peut dire que ces vacances, je les avais méritées; après des semaines intenses en fin de production du Petit Prince - les collègues avaient pariés sur la date de mon effondrement physique inévitable -, j'ai pris deux semaines de vacances, planifiées longtemps à l'avance pour la première fois depuis que je travaille sans doute. Même lorsque j'étais partie au Mali, je ne m'étais pas arrêtée plus de cinq jours, workaholic que je suis. Je dis ça non pas pour me faire plaindre, mais pour en profiter pour caser une vidéo sur ce bébé qui a même sa place au musée Grévin. Il n'est pas mignon, notre Petit Prince?

Le boulot de côté, repartons vers ces horizons lointains. Mon petit frère terminant ses études à Montréal, j'ai profité de son logement durant une semaine là-bas, pour ensuite le ramener auprès de ses parents chéris à Paris, via New York. Dans cette seconde étape, nous avons honteusement squatté l'appartement d'amis généreux, eux-mêmes en vacances... à Paris! La petite amie du petit frère nous y a rejoint, et j'ai refait avec eux les trajets effectués au printemps. J'aimerais déjà raconter New York et l'impact formidable de cette ville. Mais commençons par Montréal (album photo complet).


Montréal est d'abord une ville francophone, à l'accent prononcé, dans un pays anglophone. C'est là où les puristes sépareront Québec et Canada. Je n'ai pas beaucoup creusé l'histoire du pourquoi du comment, même si je me suis rendue au Centre d'histoire de Montréal, la Pointe-à-Callière, qui, dans un joli film projeté sur trois murs, retrace bien les arrivées des uns et des autres sur le territoire. Le musée est bâti sur un site archéologique et comporte des traces de plusieurs époques, depuis les Amérindiens aux fondations de la ville du 18ème siècle. Cela dit, un peu de détails moins historico-glorifiques et plus objectivement culturels auraient éclairci cette étrange tradition de respecter et maltraiter la langue française tout en jonglant avec l'anglais. Effectivement, même si je les ai assez peu côtoyés, les Québecois n'ont pas un vocabulaire extrêmement étendu en français et incluent volontiers des termes anglais dans leur langage. Leur faculté à passer d'une langue à l'autre est géniale, mais on se demande bien à quoi cela sert de jouer les irréductibles Gaulois pour oublier la moitié du vocabulaire.


La France devenant, au milieu du monde, un pays de plus en plus petit et ridicule, autant par son économie que par son rayonnement culturel, elle devrait certainement piocher quelques idées dans le système éducatif québecois, qui réussit si bien à faire cohabiter les cultures et les langues. Accrochée à ses principes et à ses différences, la France s'enlise dans son dédain de l'anglais. Nous devons être les seuls Européens à maîtriser si mal cette langue, à la différence de nos voisins allemands et italiens notamment, pour ce que j'ai pu constater.


Ces considérations ethnologiques de côté, passons au côté architectural. Montréal se situe entre la grande ville, difficile à parcourir uniquement à pieds, et le village, perdu au milieu des montagnes. Effet de début d'hiver et de froid, des vacances de Noël? Les larges rues étaient plutôt vides, même la fameuse Ste Catherine, artère commerçante qui pourrait correspondre au Boulevard Haussman parisien, agrémenté du forum des Halles. Petit conseil pour déjeuner dans le coin en passant: Kazu, une cantine japonaise minuscule. Le service y est rapide, n'hésitez donc pas à faire la queue pour déguster des bouillons incroyables, ou peut-être même le burger de crevettes!! L'air est donc respirable - sauf à -17°C, il a tendance à geler les poumons -, et pur. On se sent à Montréal comme à la campagne, avec le bonheur de se trouver en ville et de pouvoir sortir dans des bars, et avoir accès à des activités citadines, du magasinage au musée en passant par le yoga. Oui, le yoga, j'en parle parce que j'ai testé là-bas le fameux Bikram, ou 26 poses dans une chaleur torride. Avec la vue sur les montagnes côté cœur, la neige par la fenêtre et la sueur sur ton corps. La discipline est suffisamment physique pour m'attirer, et un peu zen aussi pour m'apaiser. J'en reparlerai dans mon carnet de voyage sur New York, car j'ai refait du yoga bikram là-bas, et c'était une autre ambiance.


Le Québécois est sympa, pas pressé, mais attentif. Il possède la vitalité des villes et la bonne humeur des campagnes. J'avais envisagé un peu de ski du côté du Mont Tremblant, ou une marche dans un parc naturel comme à Oka; finalement, le tour du parc du Mont Royal, au cœur même de Montréal, est suffisant. On y patine l'hiver - enfin pas moi, vexée de voir les gamins hauts de trois pouces gérer la glace bien mieux que moi - sur le lac aux castors, et, à défaut de balade en raquette, on peut passer une bonne demi-journée à en faire le tour à pieds.


Autre balade, au sein de la Vieille Ville. Le tour se fait assez rapidement, l'endroit est plutôt touristique. Le marché Bonsecours n'y vaut pas le détour; c'est une galerie marchande étroite, encombrée de boutiques pseudo-ethniques. Je vous conseille de découvrir ce petit quartier le matin, de flâner dans les ruelles pavées en évitant les dépanneurs-vendeurs de cartes postales moches, puis de vous arrêter déjeuner chez Olive et gourmando, une petite merveille de saveurs fraîches et une décoration adorable. Si vous préférez déguster de la cuisine chinoise, faites un tour dans le quartier chinois - attention, quartier est un bien grand mot, il s'agit seulement de quelques rues... - et tentez Rubis Rouge... On est en plein 13ème arrondissement de Paris, ou chez le Président. Dans une petite galerie, une dame coupe le cou des canards laqués qui pendouillent en vitrine. Les chariots de vapeurs passent entre les tables et on hèle les serveuses, qui ne parlent pas un mot de français ni d'anglais, pour amasser les plats. La balade digestive commence ensuite au Vieux Port. On peut longer le canal de Lachine, chemin piétonnier et piste cyclable, jusqu'à la station de métro Charlevoix. Il n'y a personne, l'eau est lumineuse et reposante.


On ne peut pas dire qu'une semaine à Montréal ne suffit pas à faire le tour. On a vite parcouru les principales attractions touristiques de la ville. Mais cette semaine m'a été profitable sur le plan du repos, dont j'avais grand besoin! Le soir, pas d'euphorie. Passer la journée dans le froid, pour rentrer vers 17/18h, ne donne pas des forces pour ressortir ensuite. J'ai donc fréquenté les bars plutôt en journée, et j'ai adoré m'y poser des heures, pour siroter un cidre chaud pendant des heures, dans une atmosphère franco-anglophone sympathique. J'ai surtout parcouru de bout en bout le Boulevard St Laurent, et la rue Bernard Ouest, pour y trouver quelques boutiques vintage, des librairies et des cafés. Je vous conseille donc, en vrac, la Casa del Popolo, où les copains viennent discuter avec les serveurs au comptoir. L'ambiance est toute douce, et s'agite plus le soir, avec des concerts et une salle pour danser. Au café Le Dépanneur - les dépanneurs, en passant, sont des "épiceries du coin" -, des groupes peuvent répéter toute la journée. On mange super bien. Juste en face se trouve une excellente petite librairie, Drawn & Quaterly, spécialisée dans les livres d'images, BDs, illustrations, graphisme,... Enfin, pour un peu de shopping, je vous conseille aussi une adorable boutique vintage, l'Arterie. Pour des bouquins en anglais enfin, S.W. Welch propose pas mal d'occasion, dans des rayons denses qui croulent sous les volumes; alors que le propriétaire discute avec client sans vous prêter attention, et qu'un chat erre entre vos jambes, vous vous mettrez à l'aise pour lire les quatrièmes de couvertures pendant des heures.


Voilà pour une petite liste, non exhaustive, de mes découvertes! Toutes les photos sont ici. La suite du voyage, à New York donc, très bientôt (c'est-à-dire, quand j'aurais aussi classé les 400 photos...). Je vous remets également un petit lien vers ma map mondiale (et ouais) où retrouver toutes mes adresses.

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