Sunday, July 7, 2013

Before midnight, de Richard Linklater

Dix-huit années après leur toute première rencontre, neuf ans après la seconde, Céline et Jesse sont ensemble, vivent à Paris avec leurs deux filles, des jumelles, et Jesse voit de temps en temps son fils né d'une première union. Il le laisse justement à l'aéroport pour le renvoyer à sa mère, aux Etats-Unis, et met un terme à des vacances idylliques passées dans le sud de la Grèce.

Revoilà donc nos deux personnages, rencontrés à peine sortis de l'adolescence, retrouvés entre épanouissement et futur radieux, et à présent aux portes de la maturité, pas tout à fait encore dans la sagesse ni dans la mesure. Ce troisième opus est plus égocentré; jeunes, Céline et Jesse s'interrogeaient sur l'amour, évidemment, sur la mort, beaucoup, sur les rêves à réaliser; neuf ans plus tard, ils se demandaient ce qui ne tournait pas rond dans le monde, et la mort obsédait toujours autant Céline. Dans Before midnight, ils se demandent surtout où ils vont encore, eux.


Par leur biais, on s'interroge sur le temps qui passe, les espoirs évanouis et ce qu'on pourrait encore accomplir. La vie n'est pas finie après le mariage, mais elle rend certainement plus amer. Quoi faire, alors? Continuer sur la même voie, s'efforcer de repartir à zéro? Les conversations qui rythment Before midnight ouvrent des horizons communs à ce couple et à chaque spectateur.


Chaque spectateur? Sans doute pas, vu les critiques ici ou , souvent agacés par les questionnements et les reproches qualifiés d'hystériques de Céline, face à un Jesse compréhensif, qui tente de calmer les ardeurs réthoriques de sa femme, qu'il aime. Je crois que la plupart des critiques sont des hommes qui ont la cinquantaine... J'ai du voir les trois films de la série de Richard Linklater toujours à la bonne période de ma vie; pour moi, Céline et Jesse ont toujours anticipé de quelques années les angoisses qui commençaient à se former en moi. Etant femme, même pas trop féministe, je m'associe aussi au combat de Céline, celui de Julie Delpy. Elle ne veut pas tant l'égalité, qu'être comprise, écoutée, et qu'on lui accorde le droit de s'emporter, de se tromper, et de revenir sur ses pas. Depuis Before sunrise, elle est aussi lunatique, et c'est aussi ce qui a toujours charmé Jesse.


Pourquoi donc s'étonner de le voir prendre avec philosophie les appréhensions de sa femme? Et de le voir l'aimer malgré tout? Leur couple tient, et même se renforce, de ces crises d'anxiété; il faut même croire que Jesse s'en nourrit, plus discrètement que dans son premier roman, pour alimenter sa prose. 


Le temps passé, les années qui restent encore à venir, voilà le thème de ce troisième film. En attendrons-nous un quatrième, dans neuf ans? Si Céline et Jesse ne perdent jamais leur capacité à s'émouvoir, et ne mettent jamais de voile sur leurs craintes, je suivrai encore une fois avec bonheur leurs joutes verbales éclairées.



Before midnight
de Richard Linklater
avec: Julie Delpy, Ethan Hawke, Walter Lassally,...
sortie française: 26 juin 2013

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